Bonjour,
Je vous écris pour déverser mon désespoir et essayer de m’évader de cette triste réalité.
Nous vivons dans une époque très différente des autres. La technologie s’est accrue la culture et la mentalité des gens ont évolué à une vitesse fulgurante au point que nous nous perdons nous-même dans ce que nous avons créé.
Les jeunes restent scotchés à leur téléphone : ils regardent leur idéal au point de se créer des complexes. Mais à quoi bon lâcher son téléphone si c’est pour regarder la terre mourir à petit feu, ou voir la misère dans le monde, les famines, les épidémies, les guerres, les révoltes, les massacres… Il ne leur reste qu’une seule chose à faire : fuir en s’échappant dans des bonheurs artificiels comme l’alcool. Ils sortent faire la fête et boivent à en oublier leur prénom. Pendant quelques heures, plus rien n’a d’importance pour eux, l’alcool agit et son effet sédatif, désinhibiteur et euphorisant permet aux consommateurs de panser temporairement leurs plaies et de se sentir bien l’espace d’un instant.
Et, il y a aussi tous les autres narcotiques qu’on peut retrouver facilement dans la rue. C’est le cas de la résine de cannabis qui est un sédatif puissant très consommé chez les jeunes car elle s’inhale. Ils ne se rendent pas compte des conséquences que cela peut avoir sur leur santé.
Enfin, un autre divertissement : les réseaux sociaux qui peuvent sembler inoffensifs mais sont en fait tout le contraire. Ils nous enferment dans ce qu’on aime déjà, dans notre petit aquarium de confort alors qu’il nous reste tout l’océan à découvrir. Ces réseaux sociaux peuvent aussi devenir de réelles addictions chez les jeunes. Ils peuvent passer des heures et des journées dessus et sans la moindre attention aux fake news. Ils sont donc un peu perdus, entre bonheur réel et bonheur artificiel, et ne savent pas faire la différence.
Et moi dans tout ça ? Eh bien, c’est très simple, je me présente je m’appelle Wabi.
J’ai 16 ans, une petite bouille, des yeux verts avec des cheveux blonds. Je suis enfant unique. Mes parents sont divorcés comme 45% des couples mariés maintenant, et je vis donc chez ma mère dans une petite chambre qui donne sur le chemin de fer. Ma mère m’a toujours dit qu’on déménagerait, mais je sais très bien qu’on n’a pas assez d’argent pour partir. Au fond, je pense qu’elle essaye de se convaincre elle-même que l’argent tombera du ciel et qu’on pourra partir loin de ce ghetto miteux.
Je fréquente une école publique lamentable. Les bâtiments sont délabrés, sales, et le toit est une vraie passoire.
Je suis donc un jeune qui sort avec ses amis, qui fume de la marijuana, et qui surfe sur les réseaux sociaux. J’avais décidé de faire bouger les choses, de sortir la tête de l’eau… mais, je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à trouver le vrai bonheur. Je n’arrive pas à m’épanouir et la solitude me rattrape toujours. Ça me ronge de l’intérieur. Ma vie est si banale que ça en devient triste. Tous les jours, le même chemin pour aller à l’école, la même bouffe de supermarché, haricots verts et steak haché, les mêmes sujets de discussion.
Où est passée ma vie ? Où est passé l’amour? Je suis coincé dans un rêve, dans un rêve artificiel. Heureusement que les bonheurs artificiels sont là. Je continue donc à ignorer la misère, trop occupé par mes problèmes. Il n’y a pas d’avenir mais une répétition de présents : la vie est lassante et beaucoup ne voient pas d’issue. Le monde se condamne lui-même et si la Terre ne meurt pas d’ici là, l’avenir est sérieusement compromis.
Signé Wabi, 04/01/22