Jean vivait avec son chat, seul, dans un appartement à New York. Il travaillait dans une grande boîte. Tout le monde achetait ce que la boîte produisait. Il n’y avait plus aucune autre denrée alimentaire dans tout le pays. Un jour, une grande panne d’électricité frappa le monde entier laissant l’humanité dans une angoisse mortelle. Les populations commencèrent à devenir folles, agressives et en totale dépression car pour tout le monde, l’électricité était devenue une donnée dominante de la vie. Jean se demandait pourquoi cette panne était advenue. Il demanda à son chat comment on pouvait être heureux dans le monde. Jean essaya de trouver la solution pour que ce monde revienne au début de son histoire et renaisse de ses cendres.
Jean pouvait lire dans les pensées. Un jour, il avait entendu le Boss dire qu’il fallait maintenir l’humanité sous sa coupe et qu’il fallait prendre l’électricité des autres. Jean partit alors en douce pour ne pas se faire repérer ni perdre son boulot. Il passait ses journées à penser pour trouver la solution. Dans un vieux journal, il trouva un article sur le grand-père de son patron. C’était un expéditeur parti en mission. Mais laquelle ? Jean se mit à chercher dans l’ordinateur et dans les journaux de cette époque. Une semaine plus tard, en cherchant dans la bibliothèque, il trouva enfin quelque chose. Ce qu’il découvrit le choqua : l’oncle du grand-père du Boss avait retiré tous les journaux et toutes les publications de son époque. En fait, ces journaux annonçaient qu’ils avaient trouvé quelque chose qui pouvait faire fermer la boîte et que l’expéditeur avait trouvé une solution pour que le monde ne disparaisse pas peu à peu. Le directeur l’avait découvert et avait alors demandé de faire retirer ces articles et de tuer le grand-père du Boss. Jean continuait à penser à cet expéditeur qu’on nommera ici Lucas. Il avait enfin trouvé la solution pour que le monde ne parte pas en éclats. Il le dit alors à son chat :
– J’ai trouvé la solution ! mais il me faut quelque chose, un groupe et faire tuer le patron.
Alors il commença à chercher des personnes qui pouvaient l’aider. Rien que cela demandait de l’audace car plus personne, dans ce nouveau monde, n’osait se parler. Mais Jean connaissait une vieille dame dans son immeuble, à qui il pouvait toujours demander de l’aide. Ensuite, il y avait son ami, le seul à qui il avait continué de dire ce qu’il pensait car il le connaissait depuis sa petite enfance : Joseph. Lui aussi avait travaillé dans la même boîte que lui mais il avait osé changer de vie. Il en savait trop sur ce qu’on faisait à l’usine. Il avait dit à Jean que ça allait créer la fin du monde actuel et qu’il devait partir en Afrique chercher de nouvelles technologies. Joseph, Jean le savait, pourrait l’aider. Et pour finir, Jean pensa à son chat car ce n’était pas un chat ordinaire ; c’était même lui qui le guidait dans la vie pour trouver toutes les solutions de survie.
Une date avait été fixée pour leur première rencontre, dans l’appartement de Jean. A 19 heures car à cette heure-là, on pouvait sortir de chez soi. Les voilà chez Jean à l’heure précise à discuter et à faire plus ample connaissance sauf le chat mais Jean avait un pressentiment sur lui. Pourquoi l’avait-il guidé ? Et comment faisait-il pour le comprendre ? Il ne lui avait pourtant jamais répondu quand il lui parlait. Cette première réunion s’était bien passée. Chacun avait aimé définir les objectifs du groupe mais il fallait trouver quelqu’un pour tuer le Boss. Il fallait aussi trouver une personne capable de créer une page que seules les personnes du groupe pourraient voir, avec un code d’entrée et une reconnaissance de l’œil. Car si le groupe était découvert, tout le monde serait tué sur le champ. Les jours passèrent mais ils n’avaient pas encore trouvé les bonnes personnes. Alors, un jour, le chat de Jean prit son collier pour sa promenade car oui maintenant il n’avait plus besoin d’une ficelle pour se promener et oui Jean promène son chat et quoi ? Jean marchait dans les rues en ruines, des policiers postés à chaque coin de rue, quand son chat commença à tirer sur le bracelet. Ils se retrouvèrent face à un garde qui devait avoir l’âge de Jean. Celui-ci caressa son chat et lui dit :
– Veux-tu que je fasse partie de ton équipe pour tuer le Boss ? Car, moi aussi, je veux que le monde redevienne comme avant.
– Mais comment savez-vous que je cherchais une personne pour ça ? lui répondis-je.
– Je l’avais pressenti en vous voyant arriver avec votre casquette verte.
Une personne de plus venait de s’ajouter à leur équipe. Il restait maintenant à trouver celui qui allait faire le site et tout sécuriser. Mais Jean avait déjà sa petite idée. Il partit chercher la personne. En réalité, il s’agissait de celui qui sécurisait la boîte et qui en connaissait un bout dans ce domaine… pas comme lui. Voilà, après un mois, l’équipe réunie, les choses sérieuses pouvaient commencer. Plusieurs jours s’écoulèrent avant le jour J. Jean avait lu dans le journal qu’il restait un mois avant que la terre se détruise d’elle-même, engloutissant avec elle l’humanité tout entière. La réunion pouvait commencer quand, tout d’un coup, le chat commença à parler. Jean pensait que tout le monde allait être choqué, comme lui, mais non, il n’y avait que lui. Le chat se mit à dire :
– J’ai la solution. Vous vous souvenez de 2102 ?
Tout le monde se souvenait. Alors Jean se mit à chercher pour comprendre la date. Et au moment où il se souvint, il fit un arrêt cardiaque. Après quelques minutes d’inconscience, il ouvrit les yeux et le chat lui parla en ces mots :
– Désolé de ne pas t’avoir dit plus tôt qui j’étais. Tu pouvais lire dans les pensées mais pas dans les miennes.
Jean commença à comprendre pourquoi il avait trouvé et le garde et le journal : c’était donc lui ! Mais oui ! Jean l’avait entendu avant de tomber au sol comme une crêpe ; il disait qu’il fallait aller en Afrique où son ami était parti travailler pour ramener la « green électricity ». Mais comment ce chat savait-il tout cela ? Ils décidèrent de partir ce soir-là en Afrique. Après dix heures de vol, ils louèrent une camionnette pour aller à l’usine. Tout était sécurisé. Avec l’aide de Joseph, ils franchirent le portail d’entrée et un complice leur indiqua où prendre la « green électricity » qui était gardée sous le sol à 20 mètres sous terre. Ils la prirent et retournèrent à New York.
A leur arrivée, ils allèrent directement trouver le bourgmestre pour lui annoncer qu’ils avaient la solution pour sauver le monde mais qu’il fallait tuer le Boss pour l’empêcher de précipiter le monde à sa perte avec ses productions anti-écologiques. La ville était toujours sans électricité. Il restait peu de temps avant que le monde soit détruit. Persuadé qu’il fallait passer à l’action, le bourgmestre donna son accord pour faire arrêter le Boss et laissa l’équipe installer la « green électricity ».
Après quelques semaines, les personnes se sentirent mieux. Plus personne n’utilisait les téléphones portables, ni dans les rues ni dans les écoles. Subitement, on retrouvait de vraies relations entre les personnes.
Jean divulgua à la presse ce que le Boss avait fait à l’humanité. Il laissa repartir son ami Joseph en Afrique pour qu’il y poursuive ses missions écologiques. Il vécut en harmonie avec son chat extralucide, tomba amoureux d’une personne qui avait les mêmes passions que lui, retrouva le goût des bonheurs simples : marcher librement dans les rues de New York, se coucher dans l’herbe sans crainte d’être arrêté par des policiers armés jusqu’aux dents, manger des fruits et légumes des producteurs locaux qui s’étaient remis à travailler en toute liberté.