Déjà un siècle… Un siècle que l’humanité a quitté la surface de la terre pour ses profondeurs. À cette époque nous étions en 2000, l’on venait de passer d’un millénaire à l’autre et c’est cette première année de troisième millénaire qui fut choisie par les U.S.A. et la Russie pour une guerre sans merci à coups de bombes nucléaires. Elle fut si terrible que les anciens disent qu’elle a quasiment décimé toute la population humaine, détruit toutes les terres habitables et laissé place à “l’hiver nucléaire”. Mais en prévision d’une telle catastrophe, de riches milliardaires avaient monté le programme P.H.E.N.I.X., un programme qui avait pour but de sauver l’humanité lors d’une telle catastrophe. Le programme consistait en la construction de cinq infrastructures totalement autonomes dans les profondeurs de la France. Ces infrastructures comptent 200 personnes reproductrices. Ce nombre représente le seuil minimal de survie de l’espèce humaine. Ces infrastructures ont été construites sur des sources d’eau très profonde de manière à ne jamais en manquer. Pour la construction, il avait fallu entre autres inventer les fermes verticales, les recycleurs d’atmosphère, des épurateurs d’eau ultra performant et j’en passe. Toujours-est-il que l’homme avait ici construit ce qui, dans la Bible était décrit comme l’arche de Noé.
Je m’appelle Arthur et je fais partie de la troisième génération qui n’a jamais vu ni le ciel, ni la mer, ni l’horizon…
– Oh Arthur, descend de là et vient nous aider avec les filtres à eau au lieu d’écrire tes mémoires.
– J’arrive, criai-je le plus fort possible.
Celui qui m’appelle c’est Charlie, mon plus fidèle ami et celui qui est formé pour être l’un des 6 futurs ingénieurs de la colonie tout comme moi. Car oui, j’ai oublié de le préciser, mais l’on ne peut pas choisir notre métier au sein de la colonie. Notre vocation est déterminée à la fin de notre cursus de primaire et sur base de cette détermination, nos programmes de cours et stages sont automatiquement adaptés pour que l’on puisse être le plus à même possible d’accomplir nos tâches dans notre futur métier. Avant la catastrophe, on était libres de choisir les branches de cours et notre futur métier par l’intermédiaire de « l’université », mais pour être totalement honnête je pense que, même si j’avais eu le choix, j’aurais tout de même choisi l’ingénierie comme spécialisation car ça me donnent vraiment l’impression d’être utile au sein notre petite société.
– Les filtres sont bons chez moi. T’as besoin d’aide de ton côté ? demanda Charlie.
– Non, c’est du tout bon de mon côté aussi, dis-je d’un air soulagé.
– Ok, allons voir François maintenant ! C’est le grand jour. Dit mon ami sur un ton anxieux.
– Je sais bien ! Dépêchons ! répondis-je en essayant d’être le plus rassurant possible.
Monsieur François et le chef de la colonie, même s’il ne dispose pas de tous les droits. Il coordonne les membres de la colonie tout en veillant à ce que l’infrastructure ne se dégrade pas. Il passe plusieurs heures par jour à lui-même inspecter chaque recoin de la station. Mais aujourd’hui, c’est différent. Moi est Charlie avons été sélectionnés pour une mission des plus périlleuses. Il s’agit de remonter à la surface. Le but de notre mission sera de remonter par une trappe sécurisée pour inspecter ce qu’il reste à la surface et, hypothétiquement, voir si la vie commence à reprendre ses droits. Personnellement j’ai hâte ! Je veux voir à quel point la Nature a pu s’adapter à ce soi-disant “hiver nucléaire ». Charlie, lui, est beaucoup plus pessimiste, il pense que le risque est trop grand. Mais, j’ai bon espoir. Je pense qu’en 100 ans la Nature a pu s’adapter à cet environnement et que l’Humanité pourra bientôt à nouveau vivre à la surface.
– Bonjour Monsieur François, dis-je avec respect.
– Bonjour Monsieur François, répéta Charlie.
– Bonjour les garçons. Comment allez-vous ? demanda-t-il.
– Un peu anxieux, répondit immédiatement Charlie.
– Ne t’en fais pas, mon garçon, c’est normal. Je vous fais un petit récapitulatif de ce qui vous attend : tout d’abord vous enfilerez les tenues anti-radiation dernier cri que nous vous avons confectionnées sur mesure. Ensuite l’on vous équipera d’un système de radiocommunication, après quoi on vous mettra dans l’ascenseur et l’on vous remontera à la surface. Là vous installerez les capteurs et les caméras à la surface, comme on vous l’a appris, puis vous reviendrez près de l’ascenseur pour l’extraction. Rapidité et efficacité. Est-ce clair ?
– Comme de l’eau de roche.
– Et toi Charlie ?
– Très clair monsieur.
Nous prîmes donc les combinaisons et les enfilâmes dans le silence. Charlie n’est pas très bavard quand il est anxieux et mieux vaut ne pas lui demander de se détendre, car je sais d’expérience que ça ne fera qu’augmenter son anxiété. On nous installa ensuite le matériel de radiocommunication et, après un test rapide, on nous donna le matériel d’analyse et nous montâmes dans l’ascenseur. Le même ascenseur qui avait autrefois permis de sauver la vie de nos ancêtres en les amenant dans ces refuges souterrains.
La montée me sembla durer une éternité, alors que je savais qu’elle ne durait que 10 minutes. Charlie resta muet tout le long, le regard grave.
– Charlie, Arthur, ici la base, vous nous recevez ? Terminé.
– Ici Arthur, cinq sur cinq. Terminé.
– Ici Charlie, cinq sur cinq. Terminé.
– Vous vous situez maintenant dans le sas de sortie. Pour l’ouvrir, entrez le code “4xb5sDgtr56Lm” sur le terminal qui se situe à droite. Terminé.
– Bien reçu, je m’en charge. Charlie terminé.
Sur ces paroles Charlie entre le code et le sas s’ouvre. Nous faisons un pas dehors.
– Arthur, Charlie, comment ça se passe là-haut ? Terminé.
– Arthur, Charlie, répondez. Terminé.
– Arthur, Charlie, répondez. Terminé.
– Arthur, Charlie, répondez. Terminé.
– Arthur, Charlie, répondez. Terminé.
– Arthur, Charlie, répondez. Terminé.