Bonjour, je m’appelle Lila et je vais vous raconter mon histoire.
Je suis une jeune fille de 17 ans et je vais bientôt terminer mes secondaires. Tout ne s’est pas passé comme prévu durant ma scolarité car à l’âge de 10 ans, les médecins m’ont annoncé que j’étais atteinte d’une leucémie. Je dois quitter l’école assez fréquemment pour me rendre à l’hôpital ou chez mon médecin traitant. Je déteste aller dans ces endroits qui tous, les uns comme les autres, me rappellent ma maladie. Mes camarades de classe me demandent souvent pourquoi je suis absente en cours mais je ne veux pas qu’ils me rabaissent ou encore qu’ils aient pitié de moi. C’est pourquoi, seule la directrice et mes enseignant sont au courant de ce que j’endure tous les jours. Les professeurs me chouchoutent, ce qui m’énerve énormément. Ils me permettent des choses qu’aucun autre élève n’a le droit de faire. Ils font cela pour me donner du courage dans le but que je n’abandonne jamais. Moi, je ne demande pas de favoritisme, je veux seulement être une adolescente normale. Mais ce n’est pas le cas…
J’ai rechuté à plusieurs reprises. J’ai dû suivre des traitements très lourd et même arrêter ma scolarité durant quelques mois. Les chimios me faisaient perdre mes cheveux. Le fait de voir mon corps se décomposer au fils des années ne me donnait plus envie de me battre. Mais ma famille était toujours là pour me soutenir et me dire de ne pas lâcher. J’ai broyé du noir pendant longtemps, mais avec l’aide de mes parents, j’ai su garder une petite pointe de positivité en moi et ai continué à me battre. C’est grâce à eux que je suis là aujourd’hui.
Actuellement, je ne suis pas entièrement guérie mais je suis en bonne voie de rémission. Je fais parfois quelques rechutes mais elles sont très faibles. J’ai eu beaucoup de mal à réussir mes études car je suis assez souvent absente ,mais j’y suis arrivée et j’en suis fière. Il me reste seulement trois mois à tenir et mes secondaires seront terminées. Je pourrai enfin être libre. Libre c’est un grand mot pour moi, car je dépens beaucoup de mes parents mais j’essaye de penser que je suis une personne normale.
J’ai un rêve, mais je ne l’ai jamais dit à personne car dans mon état, il est irréalisable. Ce serait de partir en famille d’accueil aux États-Unis pour refaire une deuxième rétho et améliorer mon anglais. J’ai fait énormément de recherches avec mon ordinateur, ce pays à l’air juste incroyable. Avec ma maladie, c’est déjà extrêmement compliqué car je peux rechuter à tout moment et qu’il faudrait trouver un médecin qui accepte de reprendre mon dossier. Mais ce n’est pas le seul problème… Depuis mes dix ans, mes parents doivent payer mes soins de santé, ce qui les a mis dans le rouge financièrement. J’ai déjà été regarder plusieurs fois sur internet : les études là-bas sont extrêmement chères et ce serait impossible pour eux de les payer en plus de mon traitement qui est déjà au-dessus de leurs moyens. C’est pourquoi j’ai décidé de n’en parler à personne et de seulement rêver….
Un matin, quand je me suis réveillée, une ambiance étrange régnait dans la maison. Je ne sais pas quoi, ni pourquoi mais cela était très bizarre. J’avais l’impression que la journée se déroulerait différemment de d’habitude. Je n’avais pas totalement tort. Quand je suis sortie de ma maison pour prendre le bus, une dizaine de personnes attendaient en troupeau devant la maison. Je leurs ai demandé ce qu’il se passait, mais rien, personne ne me répondait. J’ai donc dit à toutes celles-ci : “Pourriez-vous déguerpir et laisser l’entrée de ma maison accessible pour que je puisse réussir à attraper mon bus et pour laisser passer les personnes qui ont vraiment des choses importantes à dire ? Ma maison n’est pas une œuvre d’art ! Si vous voulez rester planter devant une maison toute la journée, aller chez les voisins, ils ont presque la même.” Après quelques minutes, tout le troupeau est parti sans rien dire. Je ne comprenais pas ce qui venait de se passer, mais ce que je savais, c’est que si je ne courais pas, j’allais rater mon bus. Les médecins m’avaient déconseillé le sport mais là je n’avais pas le choix. J’ai donc couru car je déteste arriver en retard à l’école ,surtout que je rate déjà assez les cours en allant chez le médecin toutes les semaines pour mes visites de contrôles. Je suis finalement arrivée tout juste, le bus était sur le point de démarrer. Une fois à l’intérieur, je me suis assise à côté d’une dame qui devait avoir environ la trentaine. Il faisait étrangement calme ce matin-là dans le bus. Je l’ai remarqué seulement après cinq minutes, mais cette femme me regardait étrangement. Je l’ai questionnée mais aucune réponse. Après une dizaine de minutes, le silence régnait toujours dans le bus. Au moment où j’ai remarqué que ce n’était pas seulement la femme à côté de moi qui me regardait mais le bus tout entier, j’ai vraiment commencé à me poser des questions et à avoir peur. En arrivant à l’école, je pensais en avoir fini avec cette histoire très étrange. C’est en passant la grille de la cour pour aller rejoindre mes amies que j’ai compris que non, il y avait bel et bien quelque chose qui circulait à mon propos, mais quoi ? Que ce soit mes amis, les autres élèves de l’école, les professeurs, les passants dans la rue… Tout le monde me fixait, m’écoutait poser mes questions mais personne ne me répondait à ce sujet. Les gens étaient devenus extrêmement gentil avec moi, même ceux qui me considéraient comme leur ennemie. Le soir en rentrant chez moi, je ne me sentais vraiment pas bien. Le stress de cette journée et la course du matin n’ont pas dû être très bénéfique au niveau de ma santé. Lorsque j’ai parlé de cette journée étrange à mes parents, ils ont esquivé le sujet. Qu’avais-je fait ? Je ne comprenais pas. Pourquoi du jour au lendemain tout le monde avait- il changé avec moi ?
Les semaines passaient et chaque jour, en me réveillant le matin, j’espérais que quelqu’un daigne me parler de cette situation. Elle durait depuis plus de trois semaines. La semaine dernière, à cause de l’angoisse présente en moi, j’ai fait une petite rechute. Les médecins ont dû réaugmenter ma dose de médicaments et m’ont ordonné de rester sept jours à la maison pour me reposer. J’ai donc encore raté des cours. Ils m’ont dit d’éviter un maximum les sujets stressants. Mais comment faire ? Tout le monde est bizarre avec moi et c’est la seule chose qui me stresse.
Ce matin, lors de ma reprise, Maman a insisté pour me conduire à l’école. Je n’avais pas envie, c’est la honte de se faire accompagner par ses parents à cet âge. Mais bon, je n’ai pas eu le choix. Vu que j’ai fait une rechute la semaine dernière, elle voulait assurer ma sécurité. En arrivant dans la cour, il n’y avait personne et ma mère me suivait à la trace, alors que je lui avais demandé de partir. Mais rien y fait quand elle a quelque chose en tête, elle ne lâche pas. Elle m’a dit “Viens, allons voir dans le réfectoire, il fait froid aujourd’hui peut-être qu’ils sont rentrés ?” Nous nous y sommes donc rendues. Effectivement, je pouvais voir à travers la porte qu’il y avait des gens à l’intérieur. Mais en ouvrant la porte, je fus très étonné de tomber sur ma famille, mes amis, mes professeurs, tous les élèves de l’école, mes médecins… Il y avait des banderoles accrochées partout sur les murs, des ballons… Mais qu’était-il en train de se passer ? Ce n’était pas mon anniversaire ! Ma mère s’est avancée vers le directeur qui lui a tendu un micro et elle a commencé à parler : “Lila, ma fille, je sais que ces dernières semaines ont été très angoissante pour toi mais nous nous en excusons beaucoup. Tout a commencé le jours où mon ordinateur est tombé en panne et que j’ai utilisé le tien pour faire une recherche. Quand je l’ai ouvert, une page parlant des Etats-Unis s’est affichée. En fouillant un peu plus, j’ai découvert des pages de notes concernant ton rêve. J’en ai parlé à ton père. Il était d’accord avec moi, il fallait faire quelque chose pour le réaliser. Nous n’avions pas assez d’argent pour te le permettre. Alors nous avons décidé d’écrire un article parlant de ton histoire, ta maladie, ton rêve… Et nous avons ouvert une cagnotte. Dans cet article, nous avons demandé de garder cela secret pour ne pas te faire de faux espoir. Aujourd’hui, grâce à toutes les personnes que tu vois ici et beaucoup d’autre, nous avons pu réunir assez d’argent pour payer ce voyage d’un an aux USA.” Ma mère a passé le micro à l’un de mes médecins : “Avec ta maladie, il a été difficile de trouver une famille d’accueil qui veuille bien t’accueillir et un médecin prêt à reprendre ton dossier, mais nous avons fini par y arriver.” Il a rendu le micro au directeur et tout le monde s’est mis à applaudir. Très émue,j’ai à mon tour pris la parole : “Ces dernières semaines ont été très stressante pour moi mais je n’aurais jamais imaginé tout ça. Je pensais que parler de ma maladie serait un obstacle pour moi, qu’on me considérerait différemment… Mais après ce magnifique geste de votre part à tous, je n’ai plus les mots. Grâce à vous, je vais pouvoir réaliser mon rêve. Mille mercis…”. Je me suis mise à pleurer de joie. Comment n’ai-je pu me rendre compte de rien ? C’est si beau comme geste. Je ne saurai jamais comment remercier toutes ces personnes ayant participé.
Comme quoi, la solidarité est plus forte que n’importe quel problème…