Le match va bientôt commencer mais l’image de la télévision se brouille et finit par disparaitre. Notre faible production d’électricité n’est pas suffisante pour assurer l’approvisionnement de tous les foyers du pays. Les soirs d’hiver comme celui-ci où le réseau est très sollicité, nous sommes contraints de limiter au maximum notre consommation énergétique. Tant pis pour le match.
Depuis 2030, toutes nos centrales nucléaires ont été abandonnées au profit des sources d’énergies renouvelables. Ce qui nous paraissait merveilleux il y a dix ans s’est avéré être catastrophique aujourd’hui. Dès 2020, l’Etat avait investi trois milliards annuellement pour réaliser cette transition salvatrice qu’il appelait « Green Power ». On s’était donné une décennie pour mener à bien ce projet faramineux, nous devions construire assez d’éoliennes et de panneaux solaires pour être complètement autonomes en électricité et ne plus dépendre de nos vieilles centrales nucléaires devenues complètement obsolètes. Malheureusement, le budget a été mal géré, les chantiers ont pris du retard et nos centrales ont fermé beaucoup trop tôt. Ce qui devait arriver arriva, nous sommes en 2035 et notre pays tourne au ralenti. Notre économie est paralysée et notre confort a drastiquement été réduit. Il nous est désormais impossible de passer une journée sans coupures de courant généralisées, celles-ci durent parfois plusieurs heures, cela représente des pertes colossales pour les entreprises en plus de provoquer d’immenses perturbations dans notre vie quotidienne. Nous ne pouvons par conséquent plus prétendre concurrencer les autres puissances européennes tant sur les plans économique et technologique que sur le plan de la qualité de vie.
C’était la peur du réchauffement climatique qui nous avait fait prendre de mauvaises décisions, et agir dans la précipitation. À la télévision, tous les soirs, nous avions droit à des reportages sur la fonte de la banquise, la montée des océans, la diminution massive de la biodiversité. Bref tout un tas de choses peu réjouissantes. Ce qui avait le plus alarmé la population c’étaient les catastrophes naturelles à répétition. En quelques années, nous avions subi un nombre impressionnant d’évènements qui avaient définitivement ruiné nos espoirs d’un futur meilleur : les incendies de forêt en Amérique du sud, les typhons au Japon, la sécheresse en Afrique provoquant une crise humanitaire sans précèdent.
Alors, bien malgré eux, beaucoup de couples ont pris la décision de ne pas avoir d’enfant. Le projet « Green Power » était perçu par tous comme une révolution salutaire pour notre pays. Depuis quelques années, les médias du service public n’arrêtaient pas de diaboliser l’énergie nucléaire en mettant en avant les risques liés au mauvais entretien de nos centrales. Il n’en fallait pas plus pour que le projet récolte l’enthousiasme du plus grand nombre.
Aujourd’hui, les illusions sont tombées, « Green Power » est un fiasco. Personne ne veut l’admettre, personne n’ose le remettre en question, personne ne se rebelle malgré tous les problèmes que nous rencontrons et la crise que nous traversons. Cette réaction n’est pas compliquée à comprendre, nous sommes sans cesse confrontés à des films de propagande anti-nucléaire et pro énergies renouvelables. Ces « chefs-d’œuvre » produits par l’Etat ont pour objectif de nous endormir en nous confortant dans l’idée que nous avons pris les bonnes décisions. Personne ne veut l’admettre, mais nous avons fait d’énormes sacrifices pour un projet qui est entrain de nous mener à notre perte.
Pour ma part, je fais partie de la résistance. « Résister ou se soumettre », j’ai choisi mon camp ! Récemment, j’ai lancé un blog où je publie des articles sur l’actualité et les informations que je trouve en fouillant sur internet. Ma dernière découverte en date va avoir l’effet d’une bombe. J’ai appris que nous achetions de l’électricité à l’Allemagne afin d’éviter les blackouts en hiver, et que celle-ci est produite par des centrales au charbon. Or le charbon rejette septante fois plus de dioxyde de carbone par KWh électrique que le nucléaire. L’Etat nous ment éhontément, je me dois de le faire savoir à mes lecteurs qui sont chaque jour plus nombreux. Il semblerait que la dissidence prenne de l’importance.
Il est maintenant près de 22h30. Après avoir partagé mon article sur le blog, mon cœur est plus léger. J’essaye de rallumer la télévision pour assister à la fin du match, l’image semble se stabiliser. Nous avons tous besoin d’une échappatoire, de moments où nous mettons nos angoisses entre parenthèses jusqu’au lendemain. Lorsque je vois ce stade plein à craquer de milliers de supporters capables de changer la tournure d’un match juste par leurs cris, je me dis que l’espoir n’est pas vain. « Nul ne sait ce que demain apportera » mais ce qui est sûr c’est que demain nous serons plus nombreux qu’aujourd’hui.