J’étais perdu au fin fond de la montagne, il était parti… J’étais triste et je ne savais que faire. Persuadé qu’il allait bientôt revenir, j’ai donc décidé de l’attendre.
Très vite, je me suis retrouvé enfermé dans une cage. J’ai compris que mon maître ne reviendrait jamais et qu’il me fallait partir de cet endroit avant de me faire piquer. Il suffisait juste que je me fasse adopter… Cela ne risquait pas d’être compliqué pour moi : j’étais beau et gentil malgré mon étrange pelage roux. Enfin, je l’espérais.
Quelques jours plus tard, je fus accueilli dans un chenil pour chiens de traineau. J’avais de la chance d’être entouré de quatre autres congénères et de mon nouveau propriétaire. Nous nous entraînions tous les jours pour le parcours des Grands Flocons, une course de traineaux de quarante kilomètres dans les montagnes.
Cela faisait maintenant deux mois que je m’entraînais avec mes compagnons. Toute l’équipe était prête pour l’épreuve de qualification des Grands Flocons. C’était une simple course de dix kilomètres avec peu de montées, mais avec des tournants très dangereux. En effet, ces derniers se situaient au bord d’un ravin au fond duquel serpentait une rivière. Il suffisait d’un moment d’inattention et c’était la mort assurée.
Mon équipe et moi étions les premiers de la course, il ne nous restait plus qu’un kilomètre avant la ligne d’arrivée. C’était le moment le plus dangereux du parcours ; nous courions à toute allure à côté du précipice. J’étais celui qui dirigeait le traineau car j’étais le plus rapide et agile. Malheureusement, trop sûr de moi, je calculai mal le virage, et je fus le seul à n’avoir pas le temps de m’arrêter. Mon harnais lâcha et j’atterris dans cette rivière. Je me figeai lentement dans la glace.
Cinquante ans plus tard, lors du réchauffement climatique, je me décongelai.
Que vois-je aujourd’hui ? Une Terre sans âme qui vive… Un désert de sable et de roches.
Les raisons de cette fin du monde : la sécheresse, les famines, de nouveaux virus…
Je suis donc contraint de vivre seul le reste de ma vie…
C’est pour cela que je vous écris cette lettre, à vous, gens du passé… en espérant qu’il ne soit pas trop tard…