« Cette nuit, le plus gros diamant du monde, appelé «Grand amour » qui était exposé depuis 2012 au musée du Louvre à Paris, vient d’être dérobé. C’est un drame pour le musée et pour la France… » Lorsque j’ai entendu cela je sortais de ma douche. Le mot « diamant » m’a mis la puce à l’oreille. Je m’en souvenais de ce diamant, je l’avais déjà vu quand j’étais enfant, lors d’un voyage dans la capitale. J’ai tout de suite augmenté le volume de mes écouteurs intégrés waterproof pour savoir ce qu’il en était. Un inspecteur de police était interrogé en direct. Celui-ci disait que ses équipes ainsi que leur robot assistant commençaient leurs recherches mais que cette enquête allait être de longue haleine. J’ai changé de canal via ma montre connectée et ,sur toutes les chaines d’informations, on ne parlait que du diamant du Louvre. Après avoir pris un petit déjeuner, à base de criquets et de sauterelles, tout en cogitant sur cette affaire je me suis rendu à l’évidence. Ça allait être l’affaire du siècle ! C’était une aubaine pour moi, qui venait de finir mon école de police à Paris. Dans l’après midi, je me suis rendu au commissariat du 1er arrondissement qui était en charge de l’affaire. J’ai été reçue par un robot chargé de l’accueil des visiteurs. Celui-ci m’a fait comprendre que ce n’était pas le moment et que tout le monde était occupé avec l’affaire du Louvre. Je suis donc repartie bredouille. Je ne suis pas du genre à me laisser abattre. Je suis allée prendre un café sur la place de la Concorde pour réfléchir et me faire un avis sur la situation. A la table à côté, il y avait un charmant jeune homme qui devait avoir mon âge. Il était en train de lire les nouvelles. Je me suis dit que c’était le bon moment pour l’aborder étant donné qu’on avait un sujet sur lequel discuter. Il avait l’air embarrassé lorsque je me suis assis à sa table mais dès que j’ai prononcé le mot « diamant » les traits de son visage se sont relâchés. Il avait un accent russe qui me faisait craquer. Nous avons parlé pendant près d’une heure de cette affaire qu’il avait l’air de connaitre mais sans plus, le sujet l’intéressait autant que moi. Lorsque je suis rentrée chez moi, dans le 12ème, je n’ai pas arrêté de cogiter sur le pourquoi du comment de cette affaire. Je n’en ai pas dormi de la nuit, pour ne rien vous cacher. Je pensais surtout à ce beau garçon à l’accent russe. Le lendemain matin, j’ai été faire un tour au Louvre avec mon nouvel ami, Stanislas, pour récolter un maximum d’indices. Nous sommes rentrés chez moi pour débriefer. Nous pensions que le braqueur s’était introduit par l’entrée des robots ménagers ou par le local poubelle en se faisant passer pour un contrôleur des avale- déchets. Ensuite il a dû se cacher quelque part durant toute la nuit. On ne comprend pas comment il a pu faire, c’est un vrai casse -tête cette histoire !
Le soir, en regardant les informations sur mon écran géant connecté, j’ai vu qu’on ne parlait que de cette affaire. L’inspecteur de police expliquait que des portraits robots étaient en cours de confection mais qu’ils n’avaient pas de réelles preuves mis à part les vidéos de surveillance des lieux. C’est à ce moment là que je me suis dit qu’il me fallait, quoi qu’il en coûte, un accès aux caméras. J’ai tout de suite tenu informé Stan de cette nouvelle piste. Samedi, nous avions rendez-vous chez lui pour trouver un moyen d’accéder aux caméras. Je m’y suis rendue en taxi aérien (de nos jours il y a trop de monde sur la route, je préfère donc payer le double du prix et y aller par les airs). A mon arrivée chez lui, j’ai été surprise de le trouver en pyjama dans le canapé. Il était toujours aussi craquant… Après de longues heures de réflexions nous avons trouvé la solution. Eureka ! Stan avait un ami qui s’y connaissait en informatique et qui, en Russie était spécialisé dans les systèmes de surveillance. Celui-ci nous a dit que les images arriveraient par télégramme le lendemain matin sur nos puces et qu’il nous suffirait de les projeter sur nos écrans. Je voyais que Stan n’avait pas l’air serein mais je n’osais pas m’aventurer sur le terrain des sentiments. Après cette recherche infernale, il m’a invitée au restaurant. J’ai trouvé cela très aimable et surtout romantique mais ça, je ne lui ai pas dit. Pendant la soirée, nous avons discuté de nos parcours et de notre enfance. J’ai appris beaucoup sur lui et sur son pays. Il ne travaille pas mais il a un haut standing de vie. Je suppose que cela doit être dû à la rente que lui ont laissée ses parents. A la fin de la soirée, il m’a raccompagnée chez moi et m’a donné un tendre baiser sur la joue avant de s’en aller comme un voleur. Dans mon lit, j’ai tout de même regardé les informations via mon écran à intelligence artificielle et j’ai vu que l’enquête avait fortement avancé. J’y ai lu que les malfrats avaient effectivement emprunté le local poubelle pour s’introduire dans le musée, nous avions donc une longueur d’avance sur la police ! A l’aube, je me suis fait réveiller par le robot ménager qui passait l’aspirateur dans la techno-room. J’ai directement envoyé un chat à celui à qui je pense tout le temps pour qu’il vienne et que nous consultions ensemble l’hologramme que nous avait envoyé son ami. Je lui avait fait du thé et préparé une assiette de sauterelles; il m’avait dit qu’il en raffolait. Lorsque je lui ai proposé de regarder les images, il n’avait pas l’air très emballé mais moi, qui ne lâche jamais rien, je lui ai bien fait comprendre que c’était important. J’ai lancé la vidéo et au moment où on aperçoit le voleur, Stan a tourné la tête et m’a embrassée… Je n’allais pas refuser son baiser mais je voulais voir ces images. Il m’en a dissuadée et nous sommes passés à autre chose. Lorsqu’il a quitté mon alvéole, j’étais vraiment perturbé, je ne savais plus quoi penser mais j’en suis revenue à la vidéo. Je voulais quand -même la regarder même si il n’était plus là. J’eu beau fouiller toute mon alvéole, je ne remettais plus la main dessus. Je me suis alors dit que Stan avait dû l’emporter pour pouvoir la visionner. Il m’en ferait certainement un compte rendu demain.
Ce samedi 12 mai 2087 allait être le plus beau jour de ma vie mais ça, je ne le savais pas encore… Je me suis éveillée de bonne heure mais pas de bonne humeur. Pendant la nuit, mon écran intégré a totalement disjoncté et m’a réveillée presque toutes les heures. Comme quoi, la technologie n’est pas encore totalement au point. J’ai pris une douche en écoutant les informations, pour me remettre sur pied. Et à ce moment là, une très bonne nouvelle est arrivée à mes oreilles. L’inspecteur de police racontait que, pendant la nuit, son équipe avait réussi à s’infiltrer dans l’écran intégré et dans tout le système électronique du présumé voleur grâce à leur nouvelle technologie extrêmement innovante. Mais moi, j’avais une meilleure idée que cela. Etant donné les moyens technologiques d’aujourd’hui, j’avais la capacité d’infiltrer un traceur GPS dans l’écran intégré du malfrat. Pour ce faire il me fallait, comme la police, avoir accès à cet écran. J’ai retrouvé Stan au café dans le cours de l’après midi et je lui ai expliqué mon plan qu’il a trouvé extraordinaire. Nous avons de nouveau fait appel à son ami pour qu’il nous rende ce service. J’ai demandé à Stan s’il avait pris avec lui les images de surveillance mais il les avait oubliés chez lui et m’a convié à les regarder avec lui. Je me suis dit que c’était sa tactique pour m’inviter; j’ai trouvé cela très mignon. Vers la fin de l’après midi, nous avions reçu le lien pour accéder au système du voleur mais étant plongé dans de très intéressantes discussions, nous nous sommes dit que nous regarderions cela durant notre soirée. Une fois arrivée chez lui, je me suis mise à l’aise dans son salon et ai ouvert une bouteille d’eau de mer purifié que j’avais amenée. Nous avons discuté de tout et de rien, je me sentais tellement bien avec lui que l’histoire du diamant m’étais totalement sortie de la tête. Ce soir là, nous avons concrétisé notre relation. Je me si sentais bien avec ce garçon… Le réveil fut agréable à ses côtés. Je suis rentrée chez moi en fin de matinée car j’avais envie d’avancer sur l’affaire, plus vite que la police. Stan ne m’a pas accompagnée, il avait des choses à faire. J’étais très impatiente de découvrir ces fameuses images ainsi que de commencer à pirater son système. Le suspect ne devait pas être très compétent en informatique. Y rentrer était un jeu d’enfant. Je n’y ai pas trouvé grand chose à part quelques photos du fameux diamant et une photo de la référence d’une bouteille de vodka. Cela m’a confortée dans l’idée que je suivais la bonne piste.
Après avoir installé mon logiciel de traceur GPS, j’ai eu accès à sa position et l’ensemble de ses déplacements en temps réel. Il était dans le quartier du Marais où il mangeait une gaufre, quel culot… Je ne voulais pas directement avertir les services de police, je voulais d’abord profiter un peu de mon accès privilégié. J’ai ensuite lancé les vidéos de surveillance du Louvre. Et là, cela à été le choc ! J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de réellement comprendre ce qui se passait. Le voleur ressemblait comme deux goutes d’eau à Stan, mon copain, la personne que j’aimais. Je n’y croyais pas, ce n’étais pas possible. J’ai directement voulu le joindre, sans succès. J’ai regardé sa position et il était chez lui. J’étais désemparée, je ne savais ni quoi faire, ni quoi penser. J’entretenais une relation amoureuse avec le voleur. Je ne voulais pas prévenir tout de suite la police mais c’était trop tard. J’ai allumé mon écran pour regarder les nouvelles et la police diffusait son portrait et savait qu’il était d’origine russe. J’étais partagée entre le désespoir et la satisfaction. Devais-je appeler la police et leur révéler son adresse? Ou devais-je garder cette information par amour? J’ai réfléchi trop longtemps. Quand je me suis décidée, la police l’avait déjà intercepté…
Mais je suis sûre que mon Stan va s’en sortir. Et mon « Grand amour » à moi, au moins il ne l’a pas volé…