Nous sommes en 2032 en Belgique, je suis Max et j’en ai marre…
Marre d’observer les jeunes d’aujourd’hui, d’observer toutes les addictions qui nous entourent et dont nous sommes tous affectés. Être productif ne veut plus rien dire aujourd’hui. Nous sommes 9 milliards sur terre et contrairement à toute logique, notre civilisation stagne. Seuls les divertissements ont évolué. Les personnes ne travaillent presque pas, leur objectif n’est plus l’argent ou le succès dans certains domaines : non, tout va pour les divertissements. Les gens ont cessé d’entretenir leurs biens. La nature a repris le dessus sur tous les espaces publics et privés, hormis sur les lieux touristiques, indispensables pour les photos sur les réseaux sociaux.
Ces emplacements sont entretenus par les États qui n’ont en réalité plus d’importance car le nouveau leader de la Belgique et du monde est Marcus Stat. Cet homme puissant et redouté est aussi le propriétaire de tous les réseaux sociaux et de tous les divertissements. Marcus, dans un accès de mégalomanie, a acheté une île dans le Pacifique. Il a ensuite construit une continuité artificielle telle que cette oasis de verdure est devenue si grande qu’elle dépasse aujourd’hui la grandeur de certains pays existants. Marcus en est très fier et achète toujours plus d’espaces pour les transformer en lieux « paradisiaques ».
Mais bon ! Moi, je vis à Charleroi. Paradisiaque n’est pas le meilleur terme pour ma ville et bien d’autres termes encore… Ma ville, personne ne fournit d’efforts pour l’entretenir… Après, je ne suis pas le mieux placé pour en parler car je suis peu au fait de tout ça mais bon… J’aimerais bien m’évader d’où je vis quelquefois. Certains de mes amis ont rejoint une association. Leur cause est de lutter contre Marcus afin de revenir à l’époque où tout le monde n’était pas connecté et où l’on prêtait plus attention à sa santé, physique et mentale, à sa situation professionnelle, à ses projets de vie.
Moi, personnellement, je travaille dans un immeuble à appartements ; je m’occupe du nettoyage et de certains besoins de ses occupants. C’est peut-être ce travail qui m’a ouvert les yeux. Je ne suis pas de taille à me confronter à Marcus et cette vie me plaît, même si mon boulot n’est pas passionnant. Les trois quarts du temps, je dois nettoyer les appartements qui ont appartenu à des personnes qui se sont suicidées ou qui sont mortes de faim, toutes victimes de leurs addictions. Plus personne ne va rien oser faire contre Marcus. La dernière action des rebelles a mal tourné. Les hommes de la Milice de Marcus sont partis à la recherche des « récalcitrants » et selon les dernières nouvelles, ils les auraient déjà rattrapés et emprisonnés. On sait tous ce que cela signifie… Ces hommes armés sont toujours là, particulièrement dans les magasins et les restaurants qui sont constamment gardés. Juste pour acheter de quoi se nourrir, on est fouillé, contrôlé ! Si seulement ces hommes étaient aussi amicaux que les robots caissiers…
Ah le dernier étage ! C’est chaud de monter à pied… avec l’ascenseur qui lâche toutes les semaines. Cela doit venir des plantes qui se sont encore emmêlées dans le système. C’est constant. Mais interdiction de les tailler. Je rentre dans l’appartement du dernier étage. C’est compliqué de voir quoi que ce soit ; il fait beaucoup trop noir… bon. Tiens ! Bizarre… la porte a été forcée, c’est visible par les marques laissées sur la latte de la porte. Sûrement un gars qui devait de l’argent à quelqu’un.
En poussant ce qui reste de la porte, je remarque un homme au sol, ce qui confirme ma théorie. Voyons voir où je commence à nettoyer. Bip, bip, bip. Un téléphone sonne. Je dois informer la personne qui appelle du décès . Je suis un peu stressé mais après tout, je n’ai pas le choix. En y regardant de plus près, je suis frappé par le blouson du cadavre ou plutôt par le logo cousu sur la poche droite: il me rappelle un tag ou un graffiti que j’avais déjà vu sur l’Atomium, à Bruxelles. C’est un logo d’État. Peut-être qu’avoir découvert cet homme est dangereux mais le téléphone sonne à nouveau et l’appel pourrait venir de la famille ou même du fils ou de la fille de cet homme qui git au sol. Bon, pas le choix, j’y vais.
– Allô ?
– T’es où encore ? On te cherche partout ! (une voix de femme)
– On n’a pas beaucoup de temps. Alors, rejoins-nous au repère. Bip…bip…bip…
Je n’ai même pas eu le temps de lui annoncer. Je vais la rappeler, mais le numéro n’est plus attribué. Elle a dû casser sa carte SIM. Bon, je vais ranger ce téléphone, nettoyer et puis, rentrer. Mais le remords me tort les entrailles, je devrais tout de même les prévenir de sa mort. Bon, je vais voir ce que je peux trouver sur lui et puis on verra. En fouillant dans sa poche, je sens un truc métallique avec une clef USB. Soudain, son tatouage me dit quelque chose ! On dirait les usines abandonnées de Marcinelle. Personne n’ose plus jamais s’y aventurer, c’est devenu une vraie jungle là-bas. La nature a tout envahi et l’on peut apercevoir de loin, tout en haut, un arbre immense. Je prends les tatouages en photo et décide que je réfléchirai à tout cela chez moi. Pendant que je finissais de frotter le sol, je vois un mouvement dans le reflet de la vitre, je me retourne et j’aperçois un homme de Marcus. Il est grand, habillé tout en noir et équipé d’un casque avec visière. Je lis le chiffre 78, inscrit en blanc, sur son menton. Il se met à hurler :
– Mettez-vous sur le côté et sortez votre pièce d’identité !
– Voilà !
– Avez-vous touché le corps et interagi avec ce qui peut lui appartenir ?
– J’ai entendu son téléphone sonner mais je n’ai pas décroché.
– Videz les lieux ! vos poches sur la table !
– Tout de suite !
En sortant, je l’entends dire que le suspect n’a pas d’information compromettante. Je comprends qu’il prend le corps. Mine de rien, je continue ma route pour aller à la commune et sur le chemin, on peut clairement voir la ville en état d’alerte. Une fois chez moi, en démarrant mon PC, je me répète la phrase en boucle : « rentalis veritatis et rationis ». Sur le traducteur, il est inscrit « localisation de la vérité et de la raison ». Donc, le repère serait à chercher dans ces usines abandonnées submergées par la nature. Dans les fichiers de cette clef, on peut trouver une vidéo intitulée « la vérité ». En cliquant pour la démarrer, on peut entendre des cris avec un plan sur une énorme porte en bois qui est directement enfoncée par Marcus. Il est muni d’une arme pointant la caméra. La scène a été filmée avec un téléphone. On peut y entendre Marcus crier et rigoler face à une personne qui souffre, gisant au sol, blessée par une arme à feu. Tout se passe dans un bureau aux murs parés de marbre recouvert d’une fine couche dorée. Cela doit être dans son île paradisiaque « Avalon ». On peut voir une grande baie vitrée qui donne sur une plage. Il y a des palmiers. Dans la vidéo, on peut entendre :
– Ah ! Ah ! alors, cher Arthuro Toscanini, contrairement à ta légende, tu n’as pas l’air de savoir manipuler les gens correctement, ni les guider ni même les combler.Une dernière volonté, Toscanini ?
– Va crever en enfer ! La vérité éclatera au grand jour.Même si je tombe, j’ai des successeurs alors que toi, tu n’as que des marionnettes avec lesquelles tu joues mais sans elles, tu n’es plus rien. Elle est là, ta faille. Tu es trop faible ! dit Toscanini d’une voix agonisante.
– Pourtant c’est toi qui tombes aujourd’hui ! Pan !
Le téléphone tombe et Marcus sort de la pièce demandant à ces hommes de retrouver les derniers intrus. Un peu plus loin dans la vidéo, on peut voir trois personnes portant la même veste que la personne que j’avais retrouvée morte dans l’appartement. Sans hésiter une seconde, je récupère la clef, prends des vêtements de rechange, un couteau de cuisine et une lampe de poche car il se fait tard et me dirige vers la forêt artificielle de Marcinelle. Une fois arrivé, je passe une grille trouée et me déplace dans cette forêt dense où l’on ne voit rien sauf que je remarque un chemin tout tracé un peu plus loin et décide de le suivre. Celui-ci m’amène à l’intérieur de l’une des usines. J’aperçois de la lumière et entends des gens parler. Je décide de courir vers eux sans me poser de questions en les interpellant sauf qu’ils ne parlent pas ! Ils me fixent, tous armés, et ils m’observent fixement. Je vois des matelas au sol ainsi que des palettes posées au niveau de certains accès. Sûrement pour passer les nuits ici sans que les animaux qui vivent dans cette forêt ne viennent les déranger…
– Qui êtes-vous ? me lance l’un d’eux.
– Bonsoir, je suis Max, je suis venu pour vous annoncer un décès.
– Comment ça ? Qui t’envoie ?
– C’est moi qui suis venu. Après avoir nettoyé une chambre dans le centre-ville, je suis tombé sur un cadavre et son téléphone a sonné, c’était une femme qui avait pris la parole et j’ai pas pu prendre la parole donc je me suis dit que je devais vous informer de sa mort.
– Et vous étiez censé nettoyer l’appartement en question ?Appelez Julia ! dit le plus grand de tous. Suivez Franc, il va vous emmener à Julia.
En le suivant, on passe dans des couloirs végétaux. Tout est éclairé par des projecteurs. On peut aussi voir qu’il ont déjà subi des attaques. Une fois arrivé, j’observe une femme avec des cheveux blonds et des yeux verts. Elle a un visage affiné, juste magnifique. Face à elle, je ne sais quoi dire.
– Qui êtes -vous ?
– Je suis venu vous annoncer la mort de votre ami, lui dis-je d’une voix timorée.
– Carl est mort ? Marcus n’a décidément aucune morale. Tuer son fils ! Je suis sûrement la prochaine.
– Dans son blouson, j’ai trouvé une clef USB. Je l’ai gardée en pensant que cela vous serait utile. Mais pourquoi seriez-vous vous la prochaine ?
– Je suis sa fille. C’est mon frère et moi qui avons créé ce mouvement pour stopper mon père. Il voulait faire de nous des monstres comme lui. Un soir, mon frère et moi avons pris la fuite pour essayer de révéler la vérité au grand jour.Cette vidéo, vous l’avez visionnée ?
Je lui tends la clef, elle la prend et se précipite vers une salle où elle prétend avoir un ordinateur central. En la suivant, je peux sentir son doux parfum de rose. Arrivés au couloir, on y observe un cadavre.
– Son sang coule encore.Ils sont là ! Ils ont dû te suivre. Venez vite et prenez son arme.
– Mais j’en ai jamais utilisé !
– On va y aller discrètement. Normalement, nous n’en n’avons pas besoin.
– Mais c’est quoi votre plan ? Aller à l’ordinateur central, diffuser la vidéo et après ?
– Faites-moi confiance.
Sur notre chemin, nous avons croisé trois gardes qu’elle a maîtrisés sans problèmes, elle m’impressionne. Pendant qu’elle diffuse, je fais le guet et au loin, j’aperçois Marcus s’approcher avec deux de ces hommes. Au vu de leur démarche et de leurs armes, ils comptent tuer tout le monde.
Je tire dans la poutre tout en la frappant avec un bout de métal que j’ai ramassé dans ma course. Marcus et ces hommes m’ont pointé avec leurs armes. Je jette mon arme et lève les mains et à la seconde, tout s’enchaîne comme prévu lorsque soudainement, j’entends Julia crier :
– Max !
Alors sans réfléchir, je cours à toute vitesse et aperçois au loin un homme de Marcus qui l’attrape. Dans un excès de rage et de colère, je fonce et fais chuter l’homme dans une énorme fosse. Julia me rattrape et m’embrasse tout en me soufflant à l’oreille qu’on l’a fait mais elle a les larmes aux yeux, comme si l’homme que j’ai poussé lui avait mis un truc en tête.
Juste après on aperçoit d’autres hommes arriver. Alors, elle me tend l’arme de la personne que j’ai poussée et elle commence à tirer. Elle tue deux hommes en une fraction de seconde et cours vers moi à couvert sous les tirs. Face à sa beauté, je lui fais un baiser et brandis mon arme. Je tire sur les trois hommes en une fraction de seconde. Face à ce que j’ai fait, je reste sous le choc. Elle me prend la main et nous descendons un tunnel. Suite à cela, nous sortons par une sortie de secours et observons la réaction des gens dehors. Bien qu’elle a eu un effet, nous sommes déçus car les gens, malgré l’info, restent sur cette optique de divertissement à plein temps. Sur les écrans de toute la ville, Marcus prétend que nous sommes des gens dangereux tout en montrant nos visages à tous. Certains nous prennent pour des héros et d’autres veulent nous traquer et tuer. Il y a une prime de 4 millions sur nos têtes. Pour les rebelles, nous ne sommes que deux. Nous essayons de trouver un nouveau repère ainsi que de nouveaux membres. Nous devons trouver au plus vite avant que Marcus noie le poisson. Julia est juste incroyable. Lorsqu’elle était petite, elle et son frère étaient formés dans le centre des hommes de son père, ce qui explique sa technique et son sang-froid face aux hommes de Marcus. Et l’homme que j’aurais poussé dans la fosse était le général et c’était le meilleur ami de son frère, le numéro 78, la personne qui m’avait questionné dans l’appartement. A chaque fois que je la questionne sur ça, elle est réticente, comme si elle l’avait connu ou autre. Mais je ne veux pas tout gâcher juste avec cette histoire donc j’évite le sujet et juste on va de l’avant, nous avons encore énormément de choses à construire et à entreprendre
La productivité quoi.