Encore un matin horrible, un matin sans avenir, accompagné d’une journée vue et revue qui s’offre à moi, une journée dénuée de sens où seule la guerre est présente, qui me donne l’impression de revivre mes vieux cours d’histoire. Néanmoins, aujourd’hui, nous n’avons plus aucune technologie à notre disposition… Plus de télé, plus de téléphone et plus de séries anéantissant notre vie sociale, tout cela nous est supprimé. Nous sommes dans l’obligation de survivre par nos propres moyens, sans aucune aide et sans divertissement. Je me rappelle encore du jour où cette histoire commença… Où nos micro-ondes, pourtant si innocents au premier abord, se mirent à exploser ou juste à griller pour les plus durs à cuire. Mais bon, il n’y avait rien d’affolant derrière tout cela. Le réel problème arriva une semaine plus tard, lors de la révolution de nos chères petites tablettes, aussi appelées téléphone, ou GSM pour les intimes. Des pattes extrêmement affûtées, collantes et meurtries se mirent à leur pousser, qui leur permettaient de s’agripper à nous tout en divulguant toute notre vie privée, de nos journées les plus banales jusqu’à nos pires hontes : le regard de tous nos proches s’était chargé de dégoût. En bref, la technologie s’était rebellée, avait pris le contrôle de nos vies, nous laissait dans l’obligation de nous battre ou de fuir vers Frangala, une terre dite plus saine et considérée comme pauvre auparavant.
Cela fait maintenant 3 jours que j’erre seul, marchant de tranchée en tranchée avec l’espoir de croiser la trace miraculeuse d’un être vivant. Dehors, les coups de feu font rage, mais le plus effrayant reste ces lasers que l’on ne peut presque pas distinguer.
Mes compagnons étaient moins lâches que moi, et ils y sont tous allés afin de combattre un ennemi complètement inconnu. Malheureusement, ils ne sont jamais revenus. Maintenant, la solitude est totalement insoutenable, à tel point que je parle tout seul. Mais, le pire est inévitablement l’épouvantable famine. Pourtant, ma faim est vite coupée par une affreuse odeur… Une odeur nauséabonde particulièrement familière ; je décide donc de la fuir. La boule au ventre, je cours sans m’arrêter, mais cette puanteur me suit sans relâche, accompagnée d’une voix, une voix rude et stridente qui s’efforce de dire mon nom et qui devient de plus en plus forte. Jusqu’au moment où, plus rien ! Tout devient obscur, je ne vois plus rien, pourtant je n’ai jamais eu les yeux aussi grands ouverts. Je retire donc mon casque et regarde la pièce qui m’entoure. La première chose que je peux distinguer est ma mère portant un plat de choux de Bruxelles dans une main et le câble de ma console dans l’autre… Il est déjà midi ! J’ai joué à ce jeu pendant 4 heures, il est sacrément réaliste, on aurait pu s’y croire, mais toutes les bonnes choses ont une fin. J’accompagne donc ma douce et tendre mère malgré moi jusqu’à la cuisine afin de déguster cette horrible chose considérée comme de la nourriture. Je m’assois à table en face d’elle, mais, encore une fois, un bruit vient effleurer mes oreilles. Juste derrière moi, une sorte de sifflement s’intensifie, je me retourne et mon regard se coince sur le micro-ondes. Il ne cesse de trembler jusqu’à l’explosion, faisant fuir mon téléphone… comme un sentiment de déjà vu.