Il se retourna pour la centième fois dans son lit.
Celui ci émit un grincement sourd à cause de son poids mais il n’y fit même pas attention.
Ce qu’il devait faire le lendemain lui accaparait l’esprit et l’avait empêché de dormir pendant près de la moitié de la nuit.
«C’est la seule solution » se dit-il pour calmer ses angoisses. Les mauvais traitements qu’il avait subis devaient cesser et il était prêt à tout pour qu’il en soit ainsi.
Allongé dans son lit, les yeux rivés au plafond, il repensa à la première fois qu’il l’avait vu. Il l’avait tout de suite détesté. Depuis le premier jour. Depuis le jour où cet abruti avait emménagé à côté de chez lui. Il avait vécu un enfer à cause de lui pendant des années. Il était resté calme, avait souffert en silence mais aujourd’hui, son calvaire allait cesser.
C’était simple, il suffisait d’avoir un peu de courage, de sang-froid et d’organisation.
Il fut tiré de ses pensées par le bruit strident de son réveil. Il sortit de son lit, s’habilla en vitesse, fit un tour par la salle de bains avant de descendre pour déjeuner. Il se fit un café et mit du pain à griller.
Malheureusement, la tâche qu’il avait à faire revint le hanter pendant qu’il dégustait ses toasts au beurre. Le stress qu’il avait ressenti pendant la nuit s’intensifia et le fit plonger dans de sombres pensées. Il allait commettre l’irréparable.
Pour se donner le courage nécessaire, il se remémora toutes les épreuves qu’il avait surmontées depuis son arrivée.
Ses nuits hantées par les cris et les gémissements, l’odeur pestilentielle qui régnait dans son appartement et qui semblait incrustée dans le hall d’entrée, la disparition de ses affaires, sans compter ses vêtements retrouvés en lambeaux, déchiquetés avec rage.
La colère qu’il éprouvait prit le dessus sur son hésitation, il devait agir, se libérer. Il en était certain, ce passage à l’acte allait lui rendre sa vie calme d’autrefois.
Restait à savoir comment.
Prendre une vie n’était pas à la portée de tout le monde.
La peur de ne pas savoir aller jusqu’au bout.
La crainte d’affronter la souffrance.
La frayeur de se faire prendre.
Le poison lui sembla être le moyen le plus efficace, le plus propre, même si c’était aussi le plus lâche.
Sa décision fut prise, son armoire à pharmacie et sa cave regorgeaient de trésors meurtriers. S’il se faisait attraper, la préméditation ne serait pas difficile à prouver.
Entre doutes et certitudes, il se mit à préparer sa mixture.
Paracétamol, mort aux rats et sucre mélangés avec de l’eau ressemblaient à un glaçage qui serait parfait sur un cupcake.
Il ne restait plus qu’à passer au stade de la confection de l’arme, de la laisser trainer et de compter sur la gourmandise de son ennemi.
Son méfait accompli, il ne lui restait plus qu’à faire semblant d’avancer, de continuer à vivre, à sourire et attendre la gorge nouée que vienne sa libération. Sa vision se troublait par des images où il voyait sa victime se contorsionner, la bave aux lèvres, les yeux révulsés, les traits tirés, comprenant que la fin était aussi proche que son souffle était manquant.
Mais comprendra-t-elle ? Son visage lui apparaitra-t-il lorsque s’emballeront les derniers battements de son cœur ?
Sa délivrance ne se fit pas attendre trop longtemps.
Prévenu par les cris du voisinage, il éprouva un sentiment de soulagement mêlé de terreur.
Plusieurs jours passèrent, où il resta cloitré chez lui. Pas de cris ni de gémissements, pas d’insupportable odeur pestilentielle, ni de vêtements déchiquetés et ….. pas de visite de la police non plus.
Tyrex, le chien de son voisin, était mort.