25 décembre 2899

‘’Quand la nature se sent en danger, lorsqu’une espèce devient trop envahissante, elle utilise de grands moyens pour tout remettre en place. C’est toujours elle qui finit par gagner. Mais nous les humains nous nous sommes crus plus forts et nous en avons payé les conséquences. ‘’

C’est ce que je me dis quand je regarde le ciel artificiel, le dôme. Je regarde le soleil. Il brille, mais ne réchauffe pas. Ici, tout est artificiel ; le soleil, le ciel, la température, même l’air… Moi, je m’appelle Agathe et j’ai 16 ans. Je rêve d’être biologiste comme mon père et vis dans une des bulles d’Europe. Ces villes ont été construites, il y a 1000 ans en toute urgence après les Grandes Catastrophes du Réchauffement Climatique accompagnées d’une pandémie. Tous ces événements se sont déroulés vers 2100 et se sont calmés vers 2500. Plus ou moins 60 % de la population est morte. On est passé de 10 milliards à 4 milliards. Comme l’air est devenu irrespirable à long terme et la température est de 45 °C de moyenne, les survivants ont construit ces villes en commençant par les dômes. Ces villes sont fermées, très peu de personnes peuvent sortir. C’est un peu comme une cage en or. C’est incroyable de subir les erreurs commises il y a 1000 ans.

Chaque mois, il y a de grands camions qui vont chercher de la nourriture dans des grandes serres qui se trouvent en dehors de la ville. La grande sœur de ma meilleure amie  travaille dans la cargaison et la dé-cargaison des aliments (on les appelle le CDA). En fait, les seules autres personnes qui peuvent aussi sortir, ce sont les scientifiques avec certains aventuriers et avec bien sûr des combinaisons, et cela, tous les 20 ans. Leur travail est de d’étudier l’air et la nature de dehors, ainsi que de calculer quand nous pourrons vivre à l’extérieur de la ville. L’année prochaine ne sera donc pas seulement un passage de siècle, il y aura aussi la vingtième édition d’exploration scientifique. J’espère vraiment qu’un jour nous pourrons vivre sans le dôme et voir le monde de nos propres yeux.

6 janvier 2900

Cette année, mon père a été sélectionné avec 30 autres personnes (15 scientifiques et 15 aventuriers) pour partir en exploration. Je suis super fière de lui ! Il part dans 10 mois. Je suis tout de même un peu inquiète, car en faisant des recherches, j’ai découvert qu’il y a déjà eu des morts. . Plus tard, j’espère que je serai aussi sélectionnée.

5 mai 3600

Enfin! J’ai réussi! J’ai enfin découvert le code d’entrée du bureau de mon père. J’ai envie d’en savoir plus sur l’expédition. Mon père n’a pas envie de m’en parler. Aujourd’hui, mes parents rentrent tard. Et je leur ai dit que je partais rendre visite à une amie. Mais en vrai, je vais en profiter pour en savoir plus sur l’expédition.

Je cherche dans sa bibliothèque. Mais je ne découvre rien. Je suis un peu déçu, je suis sur le point d’ouvrir la porte quand soudain, j’entends de l’autre côté de la porte des bruits de pas. Paniquée, je décide de me cacher sous le bureau et de prier. Mon père rentre en trombe. Il parle au téléphone.

– Oui j’arrive. Mais il faut que je laisse la clé USB sur l’expédition dans mon bureau.Tu imagines si par mégarde je la fais tomber ? Ce serait la pagaille !

Il sort de la pièce. Je quitte ma cachette et prends la clé USB. Elle contient plein de fichiers d’images. Mais une attire mon attention: les alentours de la ville. Je clique et je m’attends à voir une terre hostile et grise. A la place, je vois des images incroyablement lumineuses et verdoyantes. Ça ressemble à l’époque où les hommes n’existaient pas sur terre. Or, officiellement l’air est trop pollué pour que des plantes de cette taille grandissent… Je vérifie la date de ces photos : 2880.

Non, il doit y avoir une erreur.  Ne faut-il pas attendre des milliers d’année pour que la nature reprenne ses droits ? Je sens une grande colère monter en moi. Comment peuvent-ils nous mentir comme ça! Pourquoi veulent-ils garder cette information pour eux ?   Je sais que je n’aurais jamais dû voir ces images. Je remets la clé à sa place.

Le soir je m’endors avec une seule idée en tête, vérifier de mes propres yeux et apporter des preuves. Il faut que les gens sachent, que la vérité éclate. Bref, il faut que je trouve le moyen de sortir. Je ne compte pas vivre avec ce secret les bras croisés.

Le 4 juillet 2900

J’ai « bien » réfléchi et je pense avoir trouvé une idée. Mon plan devrait marcher … Ce soir, je dors chez ma meilleure amie Emma et ensuite, je pars. J’ai dit à mes parents que je passais le week-end chez elle. Au début, je pensais y aller avec elle ou au moins lui en parler, mais c’est trop dangereux. Je pars très tôt le matin et je dois revenir le soir.

Le 5 juillet à 4 heures du matin

– Pourquoi tu te réveilles à cette heure ?

Oups, je voulais partir discrètement.  Je me retourne et vois Emma debout devant moi avec le même air qu’à mon père quand il me prend la main dans le sac.

– Euh je me suis réveillée et je me suis souvenue que c’est l’anniversaire de mon père et il faut que j’aille lui faire un gâteau …

– Agathe, ton père est né en septembre. Pourquoi t’as la combinaison de ma sœur sous ton bras ?

-….

– Quelque chose me dit que tu t’apprêtes à faire une connerie.

– Déso, je ne peux rien te dire.

– Hors de question que je te laisse sortir seule à cette heure ! Tu peux tout me dire, non? T’a pas besoin de tout faire seule et s’il t’arrive un truc, je fais quoi.

Je craque et je lui raconte ce que j’ai vu , ainsi que mon plan qui consiste à sortir en volant un des camions qui se rendent aux serres  et de prendre quelques preuves et de revenir par le même chemin

-OK, je te crois. Je vois pas pourquoi t’inventerais ça. Mais j’ai une question ? T’es suicidaire ? Ton plan ne marchera jamais ! S’ils le découvrent, ils te tueront. Ton père ne pourra rien faire pour toi !

– T’as une autre solution ?

– Mais … Est-ce que ça peut attendre?  Le temps qu’on se prépare …

– Non . Après, mon père partira en exploration et ce sera trop tard. Tu n’es pas obligée de venir …

-Et d’avoir ta mort sur la conscience? NON.

3 HEURES PLUS TARD

Ça y est, on ne peut plus retourner en arrière. Emma et moi sommes dans la file de camions qui s’apprête à sortir de la ville. Je suis excitée et aussi un peu nerveuse.

Wow, c’est tellement beau! Nous sommes dehors ! Nous rions tellement c’est beau ! Avant de sortir, nous avons roulé une heure et nous sommes tombées nez à nez avec une forêt immense. Elle est incroyable! Les arbres sont gigantesques. On dirait qu’ils forment un plafond mais le soleil arrive à passer et chaque rayon de soleil réchauffe. L’herbe arrive presque à mes genoux et il y a plein de bruits : tout est tellement vivant. On dirait que je rêve. L’air n’est pas étouffant. La nature a repris ses droits. Maintenant commencera une nouvelle ère. Sans le dôme. Bien sûr pas du jour au lendemain. Je suis sûre que nous ne commettrons pas les mêmes erreurs et que nous ne l’exploiterons plus.

-Hé Emma. Réfléchissons, comment nous devons annoncer à la ville la vérité …

Dès que je me retourne je me retrouve face à un homme. Je n’ai même pas le temps de comprendre ce qu’il m’arrive que je sens un mouchoir, sur ma bouche. Je me débats de toutes mes forces mais peu à peu elles m’abandonnent, ma vue devient floue mes dernières pensées vont à Emma et à mes parents.

Drame, deux jeunes filles retrouvées mortes hors de la ville.

Un drame est survenu ce 4 juillet. Deux filles nommées Agathe et Emma ont été retrouvées mortes à la sortie de la ville. La sœur de la jeune Emma a appelé la police à son réveil : sa petite sœur et son amie avaient emporté avec elles deux de ses combinaisons de travail. Elles se sont fait passer pour des CDA. Malheureusement, la police les a retrouvées quand il était trop tard. Les parents ne comprennent pas. Que s’est-il passé dans la tête de leurs filles ? La curiosité? Le célèbre scientifique Charles Phoenix, père d’Agathe a décidé de ne pas participer à l’expédition de cette année.

Pour que plus jamais ce genre de drame ne recommence, les sorties de la ville seront davantage surveillées et les écoles organiseront des ateliers pour que les jeunes comprennent que l’extérieur est plus dangereux qu’ils ne le pensent.

Vendredi, à 14 heures, il y aura 1 minute de silence dans chaque école.