Cher Nils,
Nous sommes aujourd’hui le 13 mars 2039. Comme tu le sais, c’est notre anniversaire. Et oui nous avons 36 ans. Aujourd’hui j’ai enfin réalisé notre rêve, je suis devenu scientifique. Être scientifique ça a beaucoup d’avantages mais il y a un inconvénient : nous connaissons des secrets qui ne sont pas dévoilés au public… Les calculs sont formels, il n’y aura pas de retour en arrière pour la terre. Les changements sont définitifs et ils ne sont pas prêts de s’arrêter.
Nous rentrons dans une période d’augmentation des températures extrêmes. Donc en ce jour, en ce magnifique jour ensoleillé, je m’imagine le futur, mon futur, notre futur !
Tout d’abord le futur le plus probable. Je me vois traversant les rues de mon enfance dans l’obscurité, la saleté, les débris, et la chaleur. Je vois ma maison d’enfance, celle qui était si belle et si blanche, si majestueuse avec nos belles roses rouges poussant devant le petit muret. Le lilas fleurissant dans le fond de ce beau jardin vert. La belle vue sur la petite rivière ruisselant à côté de la maison. Tout ça, détruit, ruiné par l’homme. Dans les grandes villes, les pauvres sont nus, la classe moyenne a de vieux vêtements à porter. Ceux-ci sont délavés et abîmés. Les riches aussi ont des vêtements. La seule différence c’est qu’ils en ont assez pour se changer une fois par jour. Les grands monuments de l’époque sont ruinés. La vie n’est qu’un ensemble de sang et de poussière. Il y aurait le plus grand exode jamais connu à la suite de la disparition de l’Australie et de la moitié des continents. Seuls les présidents, rois et dictateurs ont droit à des masques. Ceux-ci sont nécessaires car l’air est pollué à 44%.
Ce futur serait le plus horrible…
Si le gouvernement s’organise pour le futur, on pourrait peut-être avoir un futur plus joyeux.
Nous vivrions tous dans de très hauts immeubles assez hauts pour qu’on puisse respirer de l’air propre mais tellement hauts qu’on ne verrait plus le sol. Des légendes sur le monde d’en bas se créeraient. Une forêt aussi grande que l’Amazonie aurait été placée dans les airs avec au moins un spécimen de chaque animal vivant sur Terre. Les pauvres devraient aller sur terre, le sol que tout le monde redouterait. Dans le but de nous apporter, à nous tous, les matières premières. Le déplacement serait organisé par de grands trains volants, ou presque. Peut-être que la science aurait déjà réussi la téléportation. Ma seule inquiétude :
après avoir aussi pollué le haut, où irions-nous ?
Ça pourrait aussi être totalement l’inverse ! A la place de vivre comme des oiseaux nous vivrions comme des taupes, dans des milliers de kilomètres de galeries, creusées sous terre.
Les logements feraient une dizaine de mètres carrés et là encore une différence entre les pauvres et les riches, les pauvres seraient beaucoup plus profonds, sous terre, là où la terre est fragile et où il fait plus chaud. Et les riches, pas tout en haut mais dans un juste milieu. Là où il fait frais comme dans une grotte et où la terre est encore assez solide. Pour travailler, il faudrait descendre encore plus bas, là où il fait 50°C et on se ferait payer 3$ l’heure, peut-être moins ! Les enfants devraient-ils encore travailler dans des mines ? Mais l’Homme est-il capable de vivre comme une taupe ?
Il se pourrait aussi qu’une opération spatiale soit mise en œuvre ! Plusieurs navettes ayant chacune une destination et une mission : préserver la terre. Dans un premier temps, une navette serait envoyée dans le but de trouver de l’eau et de l’oxygène sur une autre planète et de ramener ceci sur Terre. Dans un deuxième temps, le but serait de sortir la population humaine de la Terre. Je ne sais pas si ce projet pourrait fonctionner et même s’il fonctionnait, la population serait divisée dans des galaxies lointaines, très lointaines… Mais l’Homme serait sauvé. Ce projet durerait sur plusieurs générations car les planètes ressemblant à la Terre sont lointaines. Ce sont seulement des milliers, des millions d’années plus tard qu’on pourrait revenir sur Terre et ce n’est même pas sûr !
Il se pourrait qu’après la disparition de la moitié de la Terre, les Hommes se regrouperaient dans un seul pays. Celui-ci serait entouré par un dôme en métal. Il serait tellement épais que même la pollution externe ne pourrait pas rentrer. Ce dôme serait muni d’énormes filtres d’air encore plus puissants que la forêt amazonienne entière. La météo serait réglée par des ordinateurs. La météo suivrait le cycle idéal pour l’agriculture, l’élevage, … Ce dôme nous protégerait. Comme le dôme ne pourra pas être agrandi, une loi sur le nombre d’enfants serait adoptée comme dans l’ancienne Chine.
Donc oui, je t’écris ! Toi que je connais le mieux. Toi qui es à la fois mon passé, mon présent, et mon futur. Je t’écris, car je sais qu’à ton époque j’étais jeune et insouciant, je pensais ne servir à rien pour sauver la Terre mais même un petit bout de papier ramassé chaque jour peut la sauver. La Terre est comme un ordinateur. Si toutes les lignes de codes ne travaillent pas entre elles dans le but de faire fonctionner l’ordinateur, si l’une abandonne, tout est arrêté. Alors oui, l’Homme est comme la ligne de code. Même un humain à lui toute seul peut améliorer le monde.
Je t’écris pour que tu connaisses un autre futur que celui qui m’est destiné et si tu connais un autre futur, c’est que je n’existerai plus et le jour où j’aurai disparu, c’est que tu auras réussi ! Il faut que ton futur soit plus beau que le mien. Tu dois pouvoir voir les belles roses qui poussaient devant notre maison durant toute ta vie. Tes enfants, nos enfants doivent pouvoir jouer dans la neige, blanche, brillante. Tu dois pouvoir entendre les oiseaux chanter annonçant le printemps, voir les lapins gambader dans ton jardin. Le soleil te brûlant la peau durant les vacances d’été. Tu dois pouvoir voir toutes les beautés que ce monde a à t’offrir.
Et pour que tu voies tout ça, je te demande de tout faire pour sauver la Terre !
Tu dois créer, faire, façonner de toutes les façons possible NOS FUTURS !