15 décembre 2327
Nous constatons une légère augmentation du nombre de morts depuis quelques mois. Les plus faibles, c’est-à-dire les bébés et les personnes âgées, sont les plus touchés. Étrange.
3 janvier 2328
J’allume la télévision en me levant comme j’en ai l’habitude. Toutes les chaines se sont regroupées sur une seule en donnant le même programme. J’y ai vu le gouverneur sur une estrade qui prononçait un discours. Il nous racontait que selon des sources sures, le soleil allait devenir toxique et nous rendrait très malades. C’était pour cela que le nombre de morts avait considérablement augmenté. Cette découverte lança un vent de panique dans la population.
10 janvier 2328
La population a peur, elle s’agite beaucoup. Plus personne ne sort. Il n’y a plus rien à regarder à travers la fenêtre. On nous annonce encore des victimes. Je commence à m’inquiéter pour la suite. Je pense déjà à la fin.
16 janvier 2328
Le gouverneur a repris la parole. Il nous a communiqué une nouvelle loi : à partir de ce vendredi 16 janvier 2328, tout individu pourra sortir de son logement de 21h à 7h du matin. En cas d’infraction, la peine de mort sera prononcée pour éviter toute sorte d’épidémie. Cela revient à dire que nous allons devoir vivre la nuit. Des caméras seront installées dans chaque recoin pour contrôler les hardis qui oseraient sortir le jour. Ils placeront aussi des soldats en combinaison qui se relaieront pour que chacun reste chez soi. Leurs combinaisons seraient rares et ne résisteraient aux rayons du soleil seulement pendant 15 minutes. La population est soulagée. On a enfin trouvé la solution. Je reste quand même perplexe, je n’aime pas changer mes habitudes et l’idée de me savoir observé me déplait beaucoup.
29 janvier 2328
La population a l’air de leur faire confiance et de s’habituer à vivre la nuit mais ce n’est pas mon cas. Je ne me sens plus libre. Selon leurs dires les cameras ne fonctionneraient pas la nuit mais j’ai des doutes. Je me sens oppressé, observé. Plusieurs collèges ne viennent plus au travail. Ils ont littéralement disparu. Tout le monde me répète qu’ils sont morts en désobéissant à la loi. Leurs actes de décès sont parvenus à l’entreprise mais je reste dubitatif.
3 mars 2328
Je suis sorti tranquillement de la maison pour aller chercher Marc afin de nous rendre ensemble au travail. Marc est mon voisin, mon collègue et un bon ami. Je sonnais à sa porte. Personne ne répondit. Je pris alors la clé sous le paillasson pour rentrer. Il n’était peut-être pas réveillé. Je cherchais partout, il était introuvable. Il avait disparu comme les autres. Je savais que sortir le jour n’était absolument pas dans ses plans. Marc était un homme bien qui n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Il n’a jamais eu de problème avec la justice et n’avait jamais fait un pas de travers. J’hallucinais. Tout le monde mais pas lui, ce n’est pas possible. Pour moi, tout s’est éclairci. J’avais compris à quoi ils jouaient.
15 mars 2328
Je décide d’agir. J’ai publié un message sur Facebook qui exprimait ma manière de penser et invitait la population à manifester son mécontentement et surtout à agir en se réunissant le 25 mars à mon domicile à 15h.
25 mars 2328
Je suis stressé, J’ai peur que personne ne vienne.
15h05 toujours personne.
15h10, deux personnes entrent suivies de deux autres, pour finalement nous retrouver à quinze dans la pièce. Nous commençâmes à parler. Nous avions les mêmes pensées. Nous formions un groupe. Nous décidâmes de nous nommer « la voix ». Nous voulions mener notre enquête. Nous avions mis un plan en place. Dans dix jours à 10h, Jean, habitant dans la zone du sud, sortira de son habitation et Amandine, habitante de la zone du nord, en fera de même. Ils serviront de diversion. Les gardes seront concentrés sur ces deux zones ; un groupe à l’ouest pourra ainsi sortir sans se faire voir. Seul problème, les caméras. Nous avons un informaticien dans la bande. Il va nous permettre de désactiver certaines caméras, ce qui pourrait être associé à une panne. Nous aurons exactement 15 minutes avant que les caméras ne se remettent en marche. Il faudra faire vite. J’espère que tout ira pour le mieux. N’empêche, je trouve remarquable le courage d’Amandine et de Jean. Ils se sacrifient pour notre cause. J’espère tout de même que j’ai raison.
4 avril 2328
Et si je me trompais. Et si le gouvernement ne voulait que nous protéger de la mort ?
Et si il était notre ami plutôt que notre ennemi ? Je suis perdu. Toute ma cause est remise en question. J’ai un gros poids sur les épaules. Vais-je mourir demain ? Tué par le soleil ? Certes, je dois le faire pour répondre à mes questions. Tout sera plus clair pour moi et la voix. Si je dois mourir, je mourrai.
5 avril 2328
C’est le jour J. Le soleil se lève, je suis déterminé. L’heure approche. Je sors discrètement de ma maison et rejoins Jimmy, Yannick et Sandra derrière la petite maisonnette de mon jardin. Quel plaisir de voir le soleil. Je savais qu’il n’était pas toxique et cette découverte me pousse encore plus à continuer malgré le danger. Nous nous dépêchons, nous courrons vers les bureaux du gouvernement, nous croisons un hangar suspect. Je vois par la fenêtre des gens en train de se battre comme des vrais guerriers surentrainés. Je reconnus une amie d’école devenue méconnaissable. Elle avait le regard froid, sans émotion, prête à égorger le premier venu. Derrière ce hangar se trouvait un bâtiment ressemblant à un laboratoire. Il y avait des scientifiques travaillant et fabriquant un genre de puce. Il ne fallait pas tarder, la diversion n’allait plus tenir longtemps. Je sortis mon téléphone et pris des photos de tout ce que je pouvais voir. J’avais tout compris. Je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer et de raconter tout cela au reste du groupe. Sur le chemin du retour, j’ai eu très peur. Je suis tombé nez à nez avec une garde. Je lui ai foncé dessus et ai réussi à le blesser avec le couteau de cuisine que j’avais mis dans ma poche. Je courus le plus vite possible. La mort de ce soldat allait inquiéter le gouvernement. Il fallait agir vite. J’entrai dans la maison et vis tout le monde dans le salon attendant la nouvelle. Je leur dis : « J’ai tout compris ! Vos proches disparus ne sont pas morts par le soleil comme le prétendent ces ordures. Ils les transforment en vrais monstres dédiés au combat. Bientôt nous serons les prochains. Ils veulent faire de nous une véritable armée. Je ne sais pas encore contre qui ils veulent se battre mais cela va être gros.
Document retrouvé le 19 juillet 2633, par Jacques Muret, grand chercheur et historien. Ce journal est l’une des seules sources retrouvées nous expliquant la gravité des événements en 2328. La suite du journal est toujours recherchée, les pages semblent avoir été arrachées. Ce document renferme encore beaucoup de secrets.