Je me rappelle encore de chaque moment qu’il s’est passé ce jour-là. Le jour où tout a basculé. Je suis aujourd’hui la seule survivante sur cette terre ou, en tout cas, dans cette ville.
Ce jour-là, comme d’habitude, j’étais dans les embouteillages pendant des heures pour me rendre au travail. J’ai allumé la radio pour comprendre ce qu’il se passait. Un accident ? Oui c’était bien un accident. Une dame d’une quarantaine d’année s’est mise à hurler de douleur et elle a apparemment perdu le contrôle de sa voiture. Ensuite, elle a percuté un camion de plein fouet. Les deux conducteurs sont morts sur le coup. Je n’ai pas su en savoir plus. J’ai éteint ma radio.
En arrivant au travail, tout le monde avait l’air terrifié. Ne comprenant pas ce qu’il se passait, j’ai interrogé une personne qui apparemment essayait en vain de calmer la situation .
-Excusez-moi ? Que se passe-t-il, ici ?
-D’après ce que j’ai pu comprendre, un groupe terroriste a réussi à voler à la NSABB des données sur un virus extrêmement mortel appelé H5N1. Tout ce que je peux vous conseiller est de rentrer chez vous. La ville entière va bientôt être mise en quarantaine.
-Bien, merci ! Ai-je répondu calmement, même si au fond, j’étais littéralement terrifiée.
Un groupe terroriste ? Comment est-ce possible dans une petite ville comme la mienne ? Une toute petite ville du sud de l’Allemagne où il ne se passe absolument rien, menacée aujourd’hui par un groupe terroriste. Quelle horreur ! Et ce fameux virus, en quoi était-il si redoutable?
Quand je suis sortie, j’ai eu une vision d’horreur. Autour de moi, les gens tombaient les uns après les autres, hurlant de douleur. Du sang s’écoulait de leur nez, de leur bouche, de leurs oreilles…. J’aurais voulu les aider mais c’était plus fort que moi. J’avais peur ! Je me suis mise à courir cherchant désespérément ma voiture. Où avais-je bien pu la garer ? Alors que je courais, une personne m’a agrippé le bras, me demandant de l’aider. Quand je l’ai regardée, j’ai vu une lueur bizarre dans ses yeux, cela m’a fait froid dans le dos. Impossible de m’arrêter, je devais absolument contacter ma famille…
Je tombais à chaque fois sur la boîte vocale. Impossible de joindre qui que ce soit. Qu’est-ce qu’ils faisaient ?! ….Bon, Amalia, ressaisis-toi ! Une fois rentrée chez moi, j’allais tenter de réfléchir à une solution.
Mais comment se faisait-il que je n’étais pas contaminée par ce virus ? Tout le monde tombait autour de moi. J’avais même été touchée par une personne infectée, mais rien…
En rentrant dans mon appartement, ce n’était pas comme d’habitude. Pas d’aboiements joyeux, ni de sauts énergiques de mon chien pour fêter mon retour. Le virus aurait-il aussi touché les animaux ? Je l’ai cherché partout : dans le salon, dans ma chambre…. Je l’ai trouvé dans la salle de bains, il semblait être blessé à une patte. Il avait la même lueur dans le regard que les gens infectés que j’avais vus dehors. Un frisson me parcourut. Il fallait trouver un vétérinaire au plus vite. Mais vu la situation, cela risquait d’être difficile… Je suis allée sur Facebook pour voir si une quelconque information serait donnée par rapport à ce qu’il se passait dehors. Bingo ! Une annonce d’un médecin ! Ce n’était pas un vétérinaire, mais peut-être ce médecin serait-il en mesure de m’expliquer pourquoi j’étais bizarrement immunisée.
« Toute personne en mesure de lire ce message doit absolument venir à Unterföhring. Si vous lisez ce message, c’est que vous êtes sûrement immunisé, je peux vous aider. »
C’était tout ? Mais où, à Unterföhring ? Même si j’ignorais où c’était exactement, il fallait que j’y aille tout de suite. C’était ma seule chance. Je me suis précipitée vers ma voiture et j’ai démarré immédiatement avec mon chien à l’arrière. J’ai suivi mon GPS jusqu’à destination. Où pouvait bien se trouver ce fameux médecin ? « Stop ! », cria un inconnu apparemment encore lucide. J’ai freiné d’un coup sec, en évitant de justesse de l’écraser. Le médecin, c’était le médecin ! Je suis sortie de ma voiture pleine d’enthousiasme.
– Excusez-moi, c’est bien vous le médecin de l’annonce ?
– Oui, suivez-moi.
– J’ai un chien à l’arrière, gravement malade. Aidez-moi à le sauver s’il vous plait, je vous en supplie.
– Il est infecté ? Je ferai mon possible, je vous le promets. Suivez-moi !
Je l’ai suivi sans trop d’hésitations. J’étais obligée de lui faire confiance. Il m’a aidée à porter mon chien jusqu’à une petite salle souterraine qui ressemblait à un laboratoire.
Ce que je ne savais pas, c’est que mon chien allait être le cobaye d’un pseudo-vaccin récemment trouvé. Le médecin me préleva un peu de sang afin de l’injecter dans son antidote. Il essaya ensuite d’injecter l’antidote dans le corps de mon chien. Terrifié, celui-ci le mordit au bras, à sang. Ce qui n’empêcha pas le médecin d’achever de lui injecter le produit avec force. Je compris que le vaccin n’était pas efficace quand j’ai vu le regard vide, inexpressif de mon chien, avant que son corps se relâche d’un coup. Et le médecin ! Le médecin avait été contaminé. Il s’est excusé de ne pas avoir pu m’aider à comprendre pourquoi j’étais immunisée, avant de me crier de partir me mettre en sécurité.
Me voilà maintenant seule, à la recherche de personnes encore en vie…